Par Nadia Dref, LE MATIN
Dans un contexte économique difficile, une erreur de casting coûte plus cher à ces petites structures.
Malgré le contexte économique difficile, il y a encore des jeunes qui, tout à leur honneur, osent choisir l’entrepreneuriat et créent leur propre entreprise. Dans la plupart des cas, il s’agit de TPE (Très petites entreprises) qui essayent de se frayer un chemin et de se faire une petite place sur l’échiquier national. Ces petits patrons se retrouvent du jour au lendemain à la tête d’une structure qu’il faut gérer sur le plan financier, commercial, marketing et également au niveau des ressources humaines. Et croyez-moi, ce n’est pas de tout repos vu qu’ils sont à leur première expérience qui va influencer leur parcours professionnel. Ils sont tellement sous pression qu’ils risquent de faire des bourdes qui pourront leur coûter cher.
Côté recrutement, ces jeunes en herbe, en l’absence d’un conseiller avisé, risquent d’y laisser des plumes. Ils doivent être plus vigilants en matière d’embauche, car une erreur de casting coûte cher à l’entreprise. Comme le préconise notre consultant, Ali Serhani, dans son intervention, il faut laisser de côté les sentiments et choisir le futur collaborateur, selon des critères professionnels. « Attention ! un recrutement c’est froid, donc pas de place aux sentiments. Vous pouvez avoir des affinités avec une personne que vous souhaiteriez recruter, mais ces affinités devront être entourées d’un professionnalisme pur et dur », conseille le consultant RH.
Autant être pragmatique dans ses choix dès le premier jour. « Vous pesez le pour et le contre en fonction de vos attentes objectives. Donc, il n’y pas de place à des phrases telles que je ne sais pas pourquoi, mais j’aime beaucoup cette personne donc je la recrute », recommande Ali Serhani.
Il faut, donc, faire preuve d’objectivité et ne pas se laisser influencer.
In fine, une TPE en est à ses premiers balbutiements. Les nouveaux « boss » ont intérêt à bien gérer cette phase de démarrage et à se faire entourer d’alliés sûrs et pas uniquement d’amis pour faire leur preuve et garantir une pérennité de leur activité. Malheureusement, les cabinets RH n’ont pas de produits orientés TPE, mais heureusement qu’à travers les réseaux et les réseaux sociaux, les jeunes entrepreneurs sont mieux aiguillés que leurs prédécesseurs. Aussi, actuellement il y a des offres de formation à la carte selon les besoins de chaque client que ce soit en matière de management, de coaching, etc.
Les jeunes entrepreneurs ont intérêt à avoir un projet professionnel bien ficelé et une vision claire pour les premières années. Reste qu’outre le recrutement, la gestion financière représente également un grand défi pour ces chefs d’entreprise. La persévérance est de mise.
AVIS EXPERT Ali Serhani, consultant RH associé, cabinet RH Gesper Services
« Le facteur confiance est très important »
Comment les TPE peuvent-elles réussir les recrutements ?
En suivant la même procédure adoptée dans les entreprises structurées en matière de recrutement à savoir qu’un recrutement répond à une logique et donc à un besoin. Cependant, dans une TPE, nous avons affaire au patron qui est généralement lui-même le propriétaire de l’entreprise. Un patron de TPE recrutera une personne sur laquelle il investira et sur laquelle il devra compter. Le rapport n’est pas anonyme, mais personnel et ce, jour après jour. Plusieurs critères entrent en jeu. Le degré d’affinité, qui obéit à des critères professionnels rappelons-le, entre le patron et la nouvelle recrue, mais pour le reste cela ne change pas avec une grande entreprise, car les compétences techniques les savoirs «être et faire» demeurent de rigueur.
Comment un dirigeant d’une TPE, peut-il dénicher la bonne perle ?
Tout simplement à travers son réseau. Il recrutera une personne qu’il connaît et en qui il peut avoir confiance. Mais attention, confiance ne rime pas avec copinage rappelons-le sinon le recrutement sera foireux.
Un patron de TPE recrutera une personne avec qui il a travaillé et dont il connaît les valeurs et les compétences. C’est pour lui qu’il recrute donc il le fera de la manière la plus drastique qui soit. Donc, il n’aura pas droit à l’erreur vu qu’il en va de la pérennité de son entreprise au cas où il recruterait une personne indispensable. Dans une TPE, le facteur confiance dans les rapports humains est très important et s’avère parfois fondamental. Une TPE peut être coulée par une seule personne, et ce, à la différence des grandes entreprises qui bénéficient des services de l’audit et de l’inspection générale qui demeurent les garde-fous de l’entreprise.
Dénicher la perle rare ne pose pas de problème, mais posons-nous la question de savoir si cette perle rare serait intéressée par le fait d’intégrer une TPE. Je ne le pense pas. Au niveau du cabinet tout candidat que nous rencontrons nous précise les choses suivantes : «soit vous me trouver un poste chez une multinationale soit dans un grand groupe marocain et surtout pas dans une entreprise familiale qu’elle soit grande ou petite».
Quels sont les critères à prendre en compte pour ne pas tomber dans le piège du moins-disant ?
En matière de recrutement, que l’on soit une grande ou une petite entreprise, le piège à éviter est de recruter le moins-disant c’est-à-dire le candidat qui n’est pas trop gourmand ou dont les prétentions salariales sont correctes «aux yeux du patron» de la TPE. Cela serait une erreur fondamentale. Je peux recruter un salarié avec un salaire moyen, mais si c’est un canard boiteux alors c’est que je n’ai rein compris à la gestion d’entreprise. C’est toujours le mieux-disant qui devra l’emporter. Je peux payer un salaire important, mais je sais d’avance que je gagnerai beaucoup dans l’investissement effectué.
Y-a-t-il des cabinets qui proposent des packages «low cost» pour accompagner ces TPE ?
Je pense que oui. Cependant et pour vous parler sincèrement, peu de cabinets sont sollicités par des TPE car un recrutement coûte très cher sans oublier que les cabinets refusent généralement de travailler avec des TPE car, comme indiqué plus haut, ils ne trouveront pas de hauts profils qui souhaiteraient travailler dans celles-ci. Le problème ne réside pas dans la forme ou la taille de la structure, mais dans son organisation interne. Sous d’autres cieux, une TPE est gérée comme une grande multinationale, car elle obéit à des critères de management logiques. Chez nous, malheureusement, beaucoup de TPE, et pas toutes, heureusement fonctionnent de manière féodale. Les candidats refusent de travailler dans une TPE car pour eux, c’est travailler pour un «Moul Choukara» sauf si la TPE est filiale d’un groupe multinational, mais qui se respecte.