Par Fanny K , Candidat libre
La recherche d’un emploi est un bonheur que beaucoup d’entre nous sommes amenés à expérimenter. Candidater nécessite un investissement en terme de temps, et parfois d’argent aussi (les trajets pour passer des entretiens ne sont pas sans frais). Et, au delà de ces aspects terre à terre, c’est aussi un peu de notre amour-propre que nous perdons au passage.
Pourquoi son amour-propre ? Parce qu’un fléau se répand doucement mais sûrement dans les services des ressources humaines des entreprises : la non réponse.
Depuis quand la non-réponse vaut réponse ?
Avec enthousiasme et confiance, le chercheur d’emploi va scruter le web et ses petites annonces, mettre à jour son profil sur les réseaux sociaux professionnels pour chasser la moindre offre correspondant à son profil et ses attentes – je ne parlerais là que des sociétés déposant une annonce, mettons les candidatures spontanées de coté. Une fois celle-ci trouvée, il postulera avec son CV dernier cri, l’accompagnant des mots qui vont bien qui disent à quel point il correspondrait si bien à cet emploi proposé.
L’attente commence. Longue. Sage. Tenace. Il n’y a pas le choix de toutes façons. Il est demandeur d’emploi comme l’exprime si bien son statut. Et rien ne se passe. Pas même une réponse de courtoisie qui dit que malgré l’immense qualité du parcours, d’autres personnes répondent mieux aux attentes, etc.
L’excuse la plus souvent donnée : la réception de beaucoup de candidatures et ce n’est pas facile à gérer. Pourtant, il existe des solutions automatiques qui permettent de faire partir une réponse, certes “type” mais ayant l’avantage d’exister, dès lors que la candidature ne convient pas au recruteur. Ces solutions sont rapides, absolument pas chronophages et permettent au candidat de ne pas rester rivé à ses emails dans l’espoir d’une réponse.
Mais quelle excuse trouver quand cette pratique (ou oserais-je dire cette non-pratique) a aussi lieu quand le postulant est reçu en entretien(s) ? Le fameux “On vous rappelle en fin de semaine” est énoncé, l’air sûr de lui par le recruteur. Et souvent là aussi, cette semaine s’étend, s’étend, jusqu’à ce que ce coup de fil attendu tombe dans l’oubli. Quitte à être honnête pourquoi ne pas se targuer d’un “Si vous n’avez pas de nos nouvelles dans 2 semaines, considérez-vous comme définitivement perdu”, ce serait plus franc du collier. Mais le recruteur est un peu frileux.
Depuis quand les postulants sont-ils négligés ?
J’avais déjà constaté ce phénomène déplorable lors de ma recherche d’emploi l’année dernière, et les personnes autour de moi me confirment que la tendance s’est durcie aujourd’hui et que les réponses se font plus que rares.
Si je dois faire quelques statistiques issues de mon expérience personnelle, en 3 mois de recherche sur 65 candidatures envoyées en réponse à des offres d’emploi, j’ai obtenu six réponses : une négative, deux postes pour lesquels, après plus amples descriptions je n’ai pas souhaité poursuivre, trois qui ont menées à des entretiens.
Sur ces trois entretiens, un seul a tenu sa promesse de me recontacter et ce fut pour me faire une offre. Ce qui nous donne moins de 10% de réponse sur la masse de candidatures effectuées. Désormais, les candidats sont donc contactés uniquement pour poursuivre l’aventure, à quel stade que ce soit, avec l’entreprise.
Quand votre profil n’intéresse pas l’entreprise, à quoi bon prendre quelques secondes pour vous répondre ! Pourtant, après des entretiens, il est toujours bon de savoir ce qui a péché, ce qui fait qu’à votre candidature une autre est préférée, cela permet de se remettre en question et surtout de comprendre afin de garder un peu de confiance en soi sous le coude.
Quand vous êtes recruteur, il est déconcertant qu’un candidat ne donne pas de suite à une proposition ou tout simplement ne se présente pas à un entretien. Quand vous êtes candidat, il est déprimant qu’aucune entreprise ne prenne la peine de vous répondre, et cela a beaucoup plus d’impact sur l’égo.
Beaucoup de recruteurs oublient qu’ils travaillent dans le secteur des ressources humaines, dont la dénomination parle d’elle-même. Quand une personne vous montre de l’intérêt, il est courtois de décliner poliment si celle-ci ne vous sied guère (dans tout autre situation, ce principe prévaut). Et au travers de la réponse – qu’elle soit positive ou négative–, c’est aussi l’image de l’entreprise qui se dessine.
Une faute professionnelle
Personnellement, étant très organisée, je sais quelles entreprises ne m’ont pas répondu. Ce sont donc des sociétés dans lesquelles je n’achète plus de produits, d’assurances ou ne fait appel à aucun service. Vous avez envie de parler de rancune ? J’y vois plutôt un juste retour des choses. Comment faire confiance à une entreprise qui n’a pas de considération pour ceux qui y portent de l’attention ?
Une idée fait son petit bonhomme de chemin dans les sociétés : la symétrie des attentions. “Traite tes employés comme tes clients” (je recommande le livre de Guy Kawasaki “L’art de l’enchantement” qui traite de ce sujet, entre autres). Un concept très louable qui permet de placer ses employés au cœur de ses attentions tout comme ses clients, et ce parce que la réussite d’une entreprise passe par ces deux vecteurs. Autant avouer que ce n’est pas gagné d’avance pour tout le monde.
Le chemin sera long vers celui de la bonne habitude ou attitude à adopter lorsque l’on se décide à recruter, et il est bon de se souvenir que si le candidat est en recherche, vous recruteurs l’êtes aussi. Répondre sera toujours bénéfique pour votre entreprise.
Car, si finalement le candidat ne fait pas face à un refus, qui s’explique, se relativise, permet de faire le “deuil”, il fera face au silence… Et c’est bien plus décevant.