Par Dominique Filippone (journaldunet.com)
L’essor des RSE amène les entreprises à réfléchir aux moyens d’encadrer les nouveaux usages qui en découlent. Quelles sont les spécificités d’une charte RSE par rapport à une charte informatique classique ? Doit-elle être contraignante ? Eléments de réponse.
Indispensables aux yeux des DSI, directions générales et juridiques, les chartes informatiques apparues dans les années 90 sont bien ancrées dans les entreprises. Permettant d’encadrer l’utilisation du matériel et des réseaux informatiques par les salariés, ces dernières apportent également une pierre à l’édifice de leur gouvernance IT.
Mais avec l’apparition des réseaux sociaux d’entrepriseet son cortège de nouvelles pratiques collaboratives et d’échange d’informations, les chartes IT ont sans aucun doute besoin d’un sérieux coup de dépoussiérage.
Plusieurs options s’ouvrent aux entreprises et aux directions des ressources humaines, totalement légitimes pour prendre en main ce nouveau projet. Inclure dans une charte informatique existante les nouvelles règles ou consignes liées à l’usage des RSE, en édicter une sur-mesure, voire l’inclure en annexe du contrat de travail… Dans tous les cas, les objectifs visés par une charte informatique et une charte RSE diffèrent pratiquement du tout au tout.
“Certaines chartes s’appuient sur des règlements et sont plutôt coercitives” (Isabelle Reyre – Arctus)
“Les chartes informatiques se caractérisent bien souvent par des interdictions à des fins de prévention des risques, par exemple pour se protéger des virus ou utiliser au mieux les infrastructures informatiques. Ce ne doit pas être le cas d’une charte RSE qui doit au contraire établir une relation de confiance entre l’entreprise et les salariés pour les inciter à utiliser son réseau social”, fait savoir Claude Super, consultant indépendant spécialisé dans les RSE.
Afin de marquer une différence avec une charte informatique traditionnelle, il peut être à ce titre recommandé de préférer le terme de “guide d’utilisation” des RSE plutôt que de charte. L’objectif étant d’envoyer un signal fort aux utilisateurs : chercher à les accompagner et les conseiller, plutôt qu’à les contraindre à respecter des obligations.
Jouer la carte de la transparence sur l’exploitation faite des données
“Certaines chartes s’appuient sur le règlement et sont plutôt coercitives, notamment dans des entreprises anglo-saxonnes. A l’inverse sous nos latitudes on trouve plus souvent des chartes incitatives qui expliquent les bons principes d’usage et se placent plus dans le domaine du savoir-être”, conforme Isabelle Reyre, directrice associée d’Arctus. “Il y a une certaine visée pédagogique et l’expression d’une nouvelle approche, d’un état d’esprit à adopter face à l’outil pour déployer une évolution efficiente des pratiques.”
Une fois que l’entreprise a pris la décision de se doter d’une charte RSE (si possible concise et surtout très claire et explicite) encore faut-il savoir ce qu’elle compte mettre dedans. Sans surprise, elle devra permettre de bien définir la raison d’être du réseau social interne, ce que les utilisateurs sont autorisés à faire et le type d’informations qui peuvent être partagés. Mais surtout, elle devra faire le point sur l’exploitation des données que l’entreprise est susceptible d’en faire.
“Si le salarié pense que l’entreprise va utiliser les informations du RSE à ses dépens, cela ne marchera pas”, tranche Claude Super. Or, la partie semble loin d’être jouée d’avance. “L’entreprise veille à encadrer les usages et les comportements autour de ces outils pour à la fois garder la main sur les informations produites et en même temps inciter les salariés à fournir de la matière de qualité, la trace conservée des échanges constituant un critère supplémentaire d’évaluation des salariés”, avertit Isabelle Reyre.