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Recrutement en ligne : l'interview de Matthieu de la Thébeaudière

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Pour sa première vague en 2012, et alors que le chômage est au cœur des préoccupations des Français à quelques mois de l’élection présidentielle, l’Observatoire Orange-Terrafemina fait le point sur le marché numérique du recrutement. Matthieu de la Thébaudière, directeur délégué à l’Emploi au sein de Figaro Classifieds (Cadremploi, Keljob et Cadresonline) répond à nos questions.

Recrutement en ligne : l'interview de Matthieu de la Thébeaudière

Matthieu de la Thébeaudière est directeur délégué à l’Emploi au sein de FIGARO CLASSIFIEDS qui regroupe  Cadremploi, Keljob et Cadresonline. Il fait également partie de l’APPEI (Association des Professionnels pour la Promotion de l’Emploi sur Internet).

Terrafemina : 1 Français sur 2 estime qu’Internet rend la recherche d’emploi plus facile qu’avant, selon le sondage réalisé par l’institut CSA pour l’Observatoire Orange-Terrafemina sur les révolutions numériques. Que pensez-vous de ce chiffre ? Vous semble-t-il encore faible ?

Matthieu de la Thébaudière : Ce n’est déjà pas si mal et cela signifie que l’on a encore un réservoir de croissance. Ce média était très CSP + au départ, et s’est démocratisé au fil des années. Au départ, 60% de nos offres d’emploi étaient localisées à Paris, contre 32% aujourd’hui. Notre site Cadremploi a connu un record d’audience en janvier, avec 4 075 000 visites. Keljob, qui est un site généraliste, a enregistré 2,3 millions de visites le mois dernier. Or la croissance de notre audience s’est beaucoup faite grâce au mobile, dont l’usage devrait même continuer d’exploser. Ainsi, alors que nous n’avons lancé nos applications qu’il y a 2 ans, 20% des offres de Cadremploi sont consultées sur des mobiles. Nous visons les 50% dans environ 1 an et demi. Il faut dire que les smartphones représentent une consommation supplémentaire d’Internet. On les allume plus tôt le matin, et on les éteint plus tard le soir. Et puis le mobile offre des fonctions que l’Internet fixe ne comprend pas, comme la géolocalisation des offres d’emploi. C’est un détail important lorsque l’on sait que la proximité géographique est le premier critère de recherche d’emploi pour les non-cadres.

Tf : En quoi Internet change-t-il le marché du recrutement ?

M. de la T. : Ce marché est plus transparent. Internet permet aux différents candidats de se faire une idée de leur valeur sur le marché. Les entreprises, elles, n’hésitent pas à se renseigner sur les candidats. C’est pourquoi nous sensibilisons notre audience au « personal branding », nous aidons les candidats à gérer leuridentité numérique. Du côté des entreprises aussi, la promesse employeur doit de plus en plus correspondre à la réalité. Les candidats sont demandeurs d’informations sur la vraie vie des entreprises, ce qui force ces dernières à adopter un discours de transparence et de vérité.

Tf : Premier outil, le site de Pôle emploi qui a été consulté par 73% de nos sondés… cela vous semble-t-il logique ?

M. de la T. : Oui, vu son rôle statutaire. Pendant longtemps, les entreprises étaient obligées de déposer leur offre sur Pôle emploi. Même si elles n’en ont plus l’obligation, c’est resté un réflexe puisque le site comptabilise 188 000 offres. L’APEC est dans la même situation. Mais si ces deux sites correspondaient aux attentes, nous n’existerions pas. Nous captons beaucoup d’offres d’emploi et en complément nous offrons de nombreux conseils sur les carrières et des contenus sur le sujet.

Tf : Environ 10% des personnes interrogées sont sur des réseaux sociaux professionnels. C’est un chiffre qui contraste avec la fréquentation des sites d’emploi…

M. de la T. : Ce chiffre met en exergue les différences entre un réseau social et un site d’emploi. Par exemple, les jeunes diplômés qui n’ont pas de réseau auront un accès plus direct aux offres d’emploi sur un site. Sur les réseaux, les offres ne sont pas particulièrement mises en avant, et puis les populations ne sont pas captives, elles ne se posent pas officiellement en recherche d’emploi donc les recruteurs sont également moins présents. Mais il est certain que leur usage se développe. De notre côté nous avons développé une application qui selon l’offre d’emploi indique qui dans les relations des candidats sont sur Linkedin ou Viadeo et travaille dans l’entreprise en question.

Tf : L’utilisation de Twitter reste anecdotique. Quid de Facebook et Google+ ?

M. de la T. : Twitter est un excellent outil de veille, mais attention aux effets de mode. Ainsi Google+ s’est développé très vite mais beaucoup de profils sont inactifs. Quant à Facebook, il est généralement utilisé pour les relations personnelles.

Tf : Les nouveaux outils de recherche d’emploi comme les applications ou les forums virtuels ont-ils trouvé leur public ?

M. de la T. : Tous les recruteurs qui ont mis en place des opérations spéciales souffrent d’une pénurie de candidats. Ces entreprises, comme par exemple les SSII, doivent innover pour se démarquer de leurs concurrents. L’idée est d’attirer une population très ciblée.

Tf : Quels sont les effets de la crise sur le marché du recrutement en ligne ?

M. de la T. : 2011 a été une très bonne année sur le front de l’emploi. Au premier semestre mes clients ont beaucoup recruté. Même si on a observé un léger ralentissement au deuxième semestre, le bilan reste très bon. En 2012, malgré un marché incertain, les entreprises auront toujours besoin de recruter. Le baromètre Keljob, qui reprend les offres des entreprises du CAC 40 et celles de 40 sites d’emploi, recense 320 000 offres au mois de janvier. De notre côté, nous faisons le maximum pour fluidifier le marché. Aujourd’hui il y a des opportunités pour des candidats mais ils doivent savoir ce dont ils ont vraiment envie. Ensuite, cela se passe comme sur les sites de rencontres, il faut que l’alchimie opère avec le recruteur.

Crédit photo : Matthieu de la Thébeaudière

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