En ces temps d’hypermédiatisation du stress, le rire entre en résistance. Il apparaît à certains comme salvateur. Oui, mais comment le manier à bon escient ?

Le rire, la solution à tous nos maux ?

39% des salariés européens estiment qu’il faut voir les choses avec humour pour résister au stress au bureau. Car c’est bien connu, le rire libère des hormones antistress puissantes. Mais pas que… « Le rire facilite les rapports entre les personnes, et marque la confiance qu’on leur porte » explique Olivier Ouzé, Consultant en management par la convivialité, spécialiste du climat social et des pratiques managériales. Les personnes ayant le sens de l’humour sont d’ailleurs jugées meilleures communicantes et coéquipières. Le rire désarme, ne l’oublions pas, disait Pierre Dac… Il a le pouvoir de désamorcer des situations conflictuelles, mais également celui de faire passer des messages difficiles à entendre. En clair, plus on rit, plus on est positif, plus on communique, plus on prend du recul, plus on est créatif, plus etc. etc.

Décalage immédiat

Pas toujours facile de rire, dans un environnement où travail = sérieux pour nombre de managers. Maisambiance studieuse ne rime pas avec atmosphère pesante. Alors qu’aux Etats-Unis il est d’usage de commencer toute présentation par un trait d’humour, de l’autre côté de l’Atlantique, c’est une autre histoire. Pourtant, les occasions de rire au bureau sont nombreuses, pour peu qu’on sache voir le futile dans ce qui semble primordial, le cocasse dans ce qui paraît on ne peut plus important. La recette, c’est decasser les codes routiniers, de créer le décalage. « Célébrons les non anniversaires, à la manière de Lewis Caroll » proclame Olivier Ouzé. « Faisons une haie d’honneur à celui qui arrive en retard, dansons sur une musique ringarde ou lançons un concours des compliments les plus créatifs dès que le stress devient pesant. » Oui, mais comment vos initiatives seront-elles perçues par vos collègues ? Gageons que si vos compétences sont reconnues par tous, les premières secondes d’étonnement passées, le fou rire est assuré. En revanche, il est fort possible que l’on vous demande de redoubler d’efforts au travail si vous n’avez pas encore fait vos preuves. Que cela ne vous empêche pas de rire sous cape dès que l’occasion se présente !

Un baromètre infaillible

Si vous n’avez pas entendu un seul rire en traversant les couloirs de l’entreprise où vous êtes venu postuler, candidat, fuyez ! Ici, le sérieux règne en maître, et le stress veille, prêt à s’emparer de vous à la moindre occasion. « Le rire est un indicateur du climat social » précise Olivier Ouzé. Le mauvais stress au travail devenant une sorte de norme établie, de nouvelles stratégies managériales voient le jour, dont le management par le rire. Vaste plaisanterie ? « Le management par le rire n’existe pas » affirme Olivier Ouzé. « En revanche, le management par la convivialité est primordial. Le respect de l’autre, la bienveillance et la bonne humeur, tout cela participe au bien-être en entreprise. » Le rire n’est donc pas une fin en soi, mais bien un outil de la convivialité en entreprise.

Pourtant, certains managers pensent que rire avec leurs collaborateurs leur fera perdre de leur ascendant, craignant que la cordialité ne se transforme en familiarité. « Le manager étant garant du climat social, c’est à lui de favoriser la bonne humeur dans son équipe pour gérer les inévitables tensions. Ce qu’il récoltera, c’est la reconnaissance de ses équipes. » Un atelier du rire peut être salvateur lorsqu’il s’agit de faciliter la communication entre collaborateurs, de prévenir une résistance face au changement ou de permettre aux équipes de lâcher du leste après une période particulièrement stressante. Seule condition, bien fixer les objectifs : « On ne fait pas rire des personnes en souffrance, à qui on va ensuite annoncer le durcissement de leurs objectifs. »

Un dernier argument choc pour convaincre les managers d’instaurer des pauses rire au bureau ? Un bon fou rire équivaut à 10 minutes de relaxation profonde. Question performance et retour sur investissement, ça vaut bien la traditionnelle pause café !